De multiples chantiers sont en cours à Pantin et si vous avez jeté un oeil de plus près aux fosses creusées, il ne s’agit pas d’un simple remplacement de canalisation ou de câble électrique. Les tranchées sont étayées et accessibles par des escaliers provisoire pour permettre aux ouvriers de travailler…
Mais que font-ils qui nécessite un tel déploiement de moyens ? Et pourquoi cela prend-il si longtemps ?
Pour tout comprendre, il faut revenir en 2019, quand les villes des Lilas, Pantin et le Pré Saint-Gervais ont lancé des études pour évaluer l’opportunité de développer une nouvelle source d’énergie pour leurs villes… la géothermie.
Il s’agit d’aller pomper de l’eau chaude jusqu’à 2500m de profondeur, de transférer sa chaleur (car elle est impropre à la consommation et corrosive) à un autre circuit d’eau qui ira lui irriguer l’ensemble du réseau de géothermie du territoire pour alimenter en eau chaude / chauffage les habitats collectifs et les bâtiments publics.
Sous l’est parisien notamment, à 1000-2000 mètres de profondeur, se trouve une couche géologique calcaire que l’on appelle le Dogger et qui contient de l’eau chaude que les techniques actuelles permettent d’extraire. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, cette chaleur ne vient que très peu du noyau terrestre (qui monte à 5000°C tout de même) mais surtout des éléments radioactifs naturels présents dans les roches de la croûte terrestre qui libèrent de la chaleur en se désintégrant. Pour tout comprendre on a retrouvé Fred de C’est pas Sorcier :
Du côté de chez nous, c’est aux Lilas, en lisière du stade municipal et des terrains de tennis, qu’on été creusés de septembre à mars dernier 4 puits différents : 2 pour pomper l’eau et 2 pour la réinjecter. Maintenant c’est l’heure du déploiement du réseau de distribution (en parallèle de la construction de la centrale), avec la connexion des grands habitats collectifs et des équipements publics (le déploiement serait trop coûteux pour des maisons individuelles ou des petits immeubles). Si les délais sont tenus, le réseau sera en fonctionnement en 2026, avec Romainville qui aura rejoint le trio fondateur sous la houlette d’UNIGEO, la société publique qu’ils ont créée.
Et l’écologie dans tout ça ? Parce que tous ces aménagements coûteux (80 m° d’euros) et contraignants ont un but précis, diminuer la facture énergétique des collectivités, gagner en indépendance énergétique et réduire leur empreinte carbone. Cette eau chaude « naturelle » et sa production n’émet pas de CO2, ne génère pas de déchets, est renouvelable et « illimitée » car la chaleur récupérée est générée par le fonctionnement interne de notre planète.
Les institutions estiment qu’elles diminueront de 30 000 tonnes leurs émissions de CO2 annuelles, soit l’équivalent de 20 000 voitures… ça vaut bien des p’tits trous aux Lilas !
Pour aller plus loin :
– Un nouveau réseau de géothermie intercommunal pour chauffer 20 000 logements en Seine-Saint-Denis (article de 94Citoyens)
– Géothermie aux Lilas : une chaleur renouvelable, écologique et moins chère (dossier réalisé par la ville des Lilas en 2021)
– LA GÉOTHERMIE EN 2024 À PANTIN (dossier dans Canal, le magazine de la ville de Pantin)
– Comment ça marche la géothermie ? Article de l’ADEME